Ceci est un résumé d’une table ronde organisée par Les Matinées Index Design le 14 octobre 2020.
Thématique: L’espace commercial post-Covid «Espaces vacants et désertification des destinations commerciales, qu’est-ce qu’on fait?»
Invités: Philippe Demers – MassivART ; Stéphanie Labrecque – GH+A ; Alexi Lemay – LemayMichaud
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Architecte associé principal chez LemayMichaud, Alexi Lemay a eu l’opportunité de participer en octobre dernier à une conférence portant sur le futur des destinations commerciales post-covid.
Pour comprendre l’enjeu et le débat aujourd’hui, il est important de connaitre l’origine des centres d’achats. Il y a un peu plus de 40 ans naissait avec les centres commerciaux la notion d’«Anchor tenant». Ces grands noms du commerce de détail s’installent dans des centres d’achats de façon stratégique pour plusieurs années afin d’assurer le centre d’un achalandage et aider à la survie des plus petites enseignes par la création de pôles d’activité.
Bien que nous ne soyons pas sortis de la pandémie actuelle, il apparait de plus en plus clair que les centres commerciaux et les commerces de détail en général tels que
nous les connaissons devront se réajuster pour pallier aux conséquences de la crise. Les centres d’achats actuels, bien que repensés lors des dernières années pour faire face au virage numérique, vont devoir de nouveau se réadapter pour répondre à une nouvelle réalité afin de survivre.
Conséquence directe de la COVID-19, plusieurs chaines et magasins s’orientent vers le commerce en ligne, certains choisissant même de fermer complètement leur boutique pour maximiser leur présence en ligne. Cela a un impact direct sur l’achalandage des lieux mais aussi sur l’objectif premier des centres d’achats. Il est donc nécessaire pour les destinations commerciales de repenser leur offre expérientielle, en tenant compte des mesures d’hygiène et de prévention, qu’elles soient temporaires ou permanentes.
Est-ce que la crise a accéléré cette prise de conscience pour les propriétaires et a forcé une restructuration plus rapide que prévue ? Probablement.
Nous apercevons chez nos clients ces dernières années une tendance pour la recherche de solutions ou la redéfinition de l’offre sur place comme par exemple avec l’apparition des power centers comme le Dix30 à Brossard. Au-delà des boutiques et magasins, les centres d’achat se doivent de devenir une destination de divertissement où l’offre est variée: centre de jeux, restaurants, aires communes, etc.
Cette nouvelle tangente répond aux demandes des consommateurs qui souhaitaient diversifier leur expérience et aux besoins des propriétaires d’attirer une clientèle plus large et de maximiser le temps des visiteurs sur place.
Prenons l’exemple des Galeries de la Capitale à Québec, dont l’offre et l’expérience ont été repensées en 2019. Au delà des boutiques classiques, nous y trouvons également le Méga Parc avec des attractions comprenant une patinoire, une zone commune de restauration rapide, mais aussi des restaurants adjacents plus haut de gamme, un cinéma, et un marché gourmand. L’objectif de ce genre de réadaptation est de maximiser le temps des consommateurs sur place, mais aussi de développer une offre pour tous les types de clientèles.
« Aujourd’hui il faut que les propriétaires de ces centres trouvent une fois de plus ce dont les consommateurs ont besoin et devront certainement offrir des lieux sécuritaires qui répondront aux nouvelles normes sanitaires. » Alexi Lemay.
Quels effets et quel avenir pour les centres d’achats?
Lorsque nous réfléchissons à la restructuration des destinations commerciales, il faut trouver des solutions pertinentes à court et moyen terme, surtout en ce contexte de pandémie, mais également à long terme. La réflexion était déjà entamée par les propriétaires puisqu’on a pu constater ces dernières années un questionnement sur l’ajustement des sites, leurs intégrations vers une cohérence urbanistique plus efficiente.
L’accessibilité des centres d’achats sera un enjeu particulièrement important dans le futur, puisque les nouvelles générations utiliseront de moins en moins les transports individuels. Qu’est-ce que cela change concrètement pour le centre d’achat ou la destination commerciale? D’abord, cet enjeu a pour principal défi la création de pôles d’échanges et leur intégration au tissu urbain environnant afin de créer une cohérence entre les différents espaces.
Ensuite, cela implique également de repenser les immenses espaces de stationnement pour pallier à une future désertification, de leur trouver un nouvel usage permettant de favoriser une diversité de l’offre: bureaux, espaces résidentiels, etc.
En bref, comme l’explique Alexi, « Il faudra revoir le design urbain au sein de ces grandes propriétés, peut-être même y permettre l’intégration d’habitations pour créer un attrait et rendre possible la survie des commerces. Créer des milieux de vie et une certaine synergie avec les habitudes de vie des consommateurs pour ne pas arriver à la désertion de ces lieux.
