Rencontrez Anabel Beaulieu

18.09.2025

Cette semaine, rencontrez Anabel Beaulieu, architecte et associée chez LemayMichaud. 

Architecte et chargée de projet au bureau de Québec depuis maintenant 10 ans, Anabel s’est illustrée par son leadership, son sens de l’organisation hors pair et son approche centrée sur l'humain. Son dynamisme et son esprit collaboratif l’ont naturellement conduite à devenir associée en 2025.

Dans cet article, Anabel partage sa vision d’une architecture profondément humaine, où les détails comptent autant que les idées, et où les relations — qu’elles soient avec les clients, les collègues ou les usagers — forment le fondement même de la pratique. Entre voyages formateurs, projets marquants et réflexions personnelles, elle nous ouvre une porte sur son métier avec humilité et simplicité.

Découvrez son parcours, sa vision et ce qui l’anime au quotidien.

Q. À quel moment avez-vous réalisé que vous vouliez devenir architecte? Y a-t-il un événement ou une expérience qui a influencé votre choix?

A.B. « J’ai toujours eu des affinités pour les sciences, les maths et les arts. J’avais déjà un intérêt à ce moment pour l’architecture et je me souviens que la conseillère en orientation de mon école secondaire m’avait dit que l’architecture était pratiquement le seul domaine qui réunissait tous mes intérêts. Ce qui me fascinait surtout, c’était cette façon unique qu’a l’architecture de marier la rigueur à la créativité.

J’avais été acceptée en chimie à l’université, mais quand l’offre en architecture est arrivée, la décision a été évidente. L’architecture s’est présentée naturellement, dans un alignement entre mes intérêts, mes valeurs et ce que la profession peut offrir. »

Q. Si vous deviez choisir trois mots pour vous décrire, lesquels seraient-ils?

A.B. « Je dirais d’abord, humaine. J’accorde beaucoup d’importance à la qualité des relations, à la collaboration et à la création d’un climat où chacun se sent impliqué et respecté. 

Ensuite, perfectionniste, dans le bon et dans le mauvais sens du terme », ajoute-t-elle en riant. « J’ai le souci du détail, j’aime peaufiner et améliorer les choses, toujours avec le désir de bien faire, et sans jamais perdre de vue l’humain et les objectifs du projet. 

Et finalement, positive. J’aime garder une vision optimiste, qui m’aide à avancer et à guider les projets dans la bonne direction. »

Q. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours et ce qui vous a mené à votre rôle actuel chez LemayMichaud?

A.B. « Un moment marquant de mon parcours a été une session d’études au Mexique, pendant ma troisième année d’université. Me retrouver plongée dans une autre culture, entourée d’étudiants venus de partout, ça m’a profondément ouverte au monde, autant sur le plan humain que professionnel. Là-bas, l’approche de l’architecture était bien différente de celle à laquelle j’étais habituée. On étudiait des architectes locaux et on nous encourageait à intégrer la couleur, l’expérienciel et la culture dans nos projets. Ça m’a permis de sortir du cadre et de porter un regard plus large, plus créatif sur ma discipline.

En parallèle, j’ai travaillé plusieurs années en restauration. C’est vraiment là que j’ai consolidé mon sens de l’écoute, l’art de l’accueil et la capacité à anticiper les besoins des gens. Ce sont des qualités qui se reflètent autant dans mes relations avec les clients que dans celles avec mes collègues.

Quand j’ai terminé mes études, j’ai postulé chez LemayMichaud. J’ai commencé comme stagiaire… et je ne suis jamais repartie! J’ai tout de suite ressenti une belle résonance entre ce que je suis et l’esprit de la firme : humain, rigoureux et attaché au travail d’équipe. »

Q. Pouvez-vous nous parler d’un projet sur lequel vous avez travaillé et qui vous a particulièrement marqué?

A.B. « Un projet qui m’a marquée, c’est le Simons de Toronto. C’était un des premiers mandats d’envergure sur lequel j’ai eu la chance de travailler dès mes débuts dans le domaine, et je me suis retrouvée responsable du développement de l’escalier architectural ‘flottant’. C’était une pièce majeure dans le projet, à la fois complexe et très visible, un vrai défi de coordination, surtout en début de parcours! J’ai pu collaborer directement avec les ingénieurs en structure, les spécialistes en éclairage, et tranquillement, ce morceau du projet a pris une grande importance pour moi. C’était stimulant de pouvoir contribuer à cette pièce architecturale.

Sinon, je pense aussi au projet des bureaux de Fasken, à Québec, qui a été marquant à un autre niveau. On est arrivés très tôt dans le processus, alors que le bâtiment était encore en construction. Ce type de mandat, où on part pratiquement d’une feuille blanche, ça permet une belle collaboration avec les architectes du bâtiment, les ingénieurs, et surtout avec un client curieux, à l’écoute et qui avait envie de faire les choses autrement. On a pu vraiment pousser le design, tester de nouveaux matériaux, aller chercher une finesse dans les détails… et ça a donné lieu à un projet vraiment spécial. C’est un de ceux qui m’ont permis de développer des réflexes et une sensibilité encore plus fine à la qualité de l’aménagement intérieur. »

Q. Qu’elle est votre facette préférée dans votre rôle d’architecte, et plus récemment, dans celui d’associée?

A.B. « Ce que j’aime le plus dans mon rôle d’architecte, c’est la richesse des échanges. C’est un métier tellement polyvalent, on touche à tout : le dessin, la coordination, le chantier… Mais ce qui me stimule vraiment, c’est le lien avec le client. J’aime m’assurer que la vision reste claire, du début à la fin, et que tout le monde avance dans la même direction pour atteindre les objectifs et attentes du projet. 

Depuis que je suis devenue associée, les relations humaines prennent une place encore plus centrale pour moi. Pour moi, quand les gens se sentent écouté, soutenu et en confiance, tout le reste suit naturellement. Pouvoir contribuer à ça au quotidien, aider, guider ou simplement être présente, c’est ce qui donne vraiment du sens à mon rôle. »

Q. Quelle étape du processus de conception et de réalisation d’un projet vous passionne le plus, et pourquoi?

A.B. « J’aime beaucoup le début d’un projet. Quand tout est encore possible, qu’on réfléchit aux intentions, à ce qu’on veut vraiment faire. Même si j’ai un côté assez cartésien, j’adore cette phase plus créative. Je ne suis peut-être pas celle qui apporte les idées les plus éclatées, mais j’aime participer aux discussions, poser des questions, comprendre le ‘pourquoi’ derrière les choix. Ça me permet ensuite de mieux effectuer mon travail. Parce qu’au fond, mon rôle, c’est de faire avancer le projet. Coordonner les étapes, m’assurer que tout le monde est sur la même longueur d’onde, que les décisions du début se traduisent concrètement, jusqu’à la fin. Et garder le lien avec le client, du début à la fin. C’est là que je suis vraiment dans mon élément.

Même si j’aime beaucoup cette phase de réflexion au départ, ce qui m’anime vraiment, c’est quand le projet prend forme. La gestion, la planification, l’exécution… c’est là que je me sens utile, que je sens que je peux faire une vraie différence. »

Q. Y a-t-il un aspect de l’architecture ou du métier d’architecte que vous jugez sous-estimé, mais essentiel?

A.B. « Oui, absolument : l’aspect humain. On en parle peu, mais c’est fondamental. Dans notre formation, on nous enseigne à réfléchir et à être rigoureux, mais on met très peu d’accent sur les relations humaines : savoir écouter, comprendre les réalités des clients, ajuster notre posture selon les situations ou gérer les dynamiques d’équipe. Pourtant, que ce soit avec un client ou un collègue, ce sont la qualité des échanges et la confiance qui font avancer un projet.

Un autre aspect tout aussi sous-estimé, c’est l’organisation. L’architecte est bien sûr perçu comme une figure créative, et avec raison, mais la réussite d’un projet repose tout autant sur la capacité à structurer, planifier et coordonner. Sans cette dimension, même les meilleures idées risquent de ne jamais se concrétiser. »

Q. Y a-t-il un voyage, une rencontre ou une expérience particulière qui a influencé votre manière de concevoir ou d’aborder les projets?

A.B. « Lors d’un voyage en Bretagne avec mon conjoint, j’ai été frappée par la manière dont l’architecture s’intègre naturellement dans le paysage et le tissu culturel. Ce voyage m’a fait réaliser, encore plus clairement, qu’un projet ne devrait jamais être conçu en dehors de son contexte : il doit vivre avec ce qui l’entoure. Tous les architectes le diront, mais l’orientation du bâtiment, le choix des matériaux, c’est ce qui fait toute la différence sur la qualité et la durabilité des projets, et qui permet à l’architecture de s’intégrer harmonieusement dans son milieu tout en ayant une vraie valeur ajoutée. »

Q. Quel conseil donneriez-vous à un.e jeune qui souhaite se lancer dans l’architecture?

A.B. « Je crois que le plus important, c’est de s’écouter, de respecter ses valeurs. J’ajouterais aussi qu’il ne faut pas oublier que l’architecture ne se résume pas uniquement à la conception. C’est un métier riche et complet, qui touche à une foule d’autres aspects : la gestion d’équipes, la coordination de contraintes techniques et humaines, l’administration, et bien plus encore. C’est cette diversité de rôles qui rend notre profession si stimulante et jamais redondante! »

Le Q&A éclair

Q. Développer ou créer? 

Développer.

Q. Rêveur(se) ou réaliste? 

Rêveuse réaliste! 

Q. Qu’est-ce qui vous donne envie de vous lever le matin? 

Les défis et la variété des projets.

Q. La partie préférée de votre travail? 

L’évolution du chantier, les défis qui permettent l’atteinte du résultat imaginé. La concrétisation de nos documents, de nos plans, c’est une partie de mon travail que j’aime particulièrement. 

Q. Avez-vous une philosophie qui vous guide aujourd’hui? 

L’authenticité et la sensibilité ; c’est ce qui me permet de rester fidèle à moi-même.

Q. Noir et blanc ou couleurs? 

Plutôt noir et blanc.

Q. Mies van der Rohe ou Frank Gehry? 

Mies van der Rohe. 

Q. Une œuvre dont vous auriez souhaité être l’auteur? 

De manière générale, les réalisations de Zaha Hadid m’impressionnent.

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