Rencontrez Richard Smith

27.07.2021

Q. Quand vous êtes-vous intéressé pour la première fois à l’architecture ?

RS « Je m’intéresse à l’architecture depuis que je suis enfant. Mon arrière-grand-père était architecte et a travaillé sur la Bibliothèque du Parlement (avant l’incendie). Il possédait toutes sortes de tableaux et de dessins qui ont suscité mon intérêt dès mon jeune âge. Je passais déjà mes journées à dessiner et je suppose que c’est un peu grâce au dessin que j’ai découvert mon intérêt pour le sujet. Plus tard, j’ai eu l’occasion d’observer le travail d’un architecte pendant une journée, ça a été le déclic. Ce même architecte a d’ailleurs fini par être mon mentor dans le cadre de mon stage et nous sommes toujours en contact aujourd’hui. En bref, l’architecture fait partie de ma vie depuis presque aussi longtemps que je me souvienne. »

Q. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours ?

RS « J’ai obtenu mon baccalauréat et ma maîtrise en architecture à l’Université Carleton, à Ottawa. Entre les deux, je suis parti à Dublin, en Irlande, alors en plein boom économique et j’ai travaillé pour une firme d’architecture pendant un an. J’ai profité de cette année pour voyager à travers l’Europe et pour visiter de nombreux bâtiments architecturaux exceptionnels. Quand je suis revenu à Ottawa pour finir mes études, je me suis joint à CSV Architects, puis à Moriyama Teshima pendant quelques années, et enfin chez HOK où j’étais depuis les dix dernières années. »

Q. Pouvez-vous nous parler de projets sur lesquels vous avez déjà travaillé ?

RS « Certainement. J’ai beaucoup travaillé sur des projets institutionnels publics, sur des projets gouvernementaux comme des bâtiments universitaires, des installations de haute sécurité telles que des banques et des centres de données, et bien sûr des bureaux. J’ai par ailleurs travaillé sur un projet de sport et de loisirs, et sur des laboratoires.

Deux projets se démarquent.

Le Centre sportif et de loisirs Jack Doyle est le dernier projet sur lequel j’ai œuvré avant me joindre à LemayMichaud. Ce sera un lieu formidable pour les étudiants, avec beaucoup d’espaces de conditionnement physique, des terrains de volley-ball et de basket-ball de taille internationale, un mur d’escalade, et une piste d’athlétisme de 350 m suspendue au toit qui monte et passe au-dessus d’elle-même! L’ouverture est prévue pour cet automne et sera un lieu très agréable à visiter.

L’autre projet auquel je pense est l’espace intérimaire des Livres du Souvenir. Au troisième étage de la Tour de la Paix se trouve la Chapelle du Souvenir où sont conservés les Livres du Souvenir qui listent les noms des soldats tombés au combat depuis la guerre de 1812. Dans le cadre de la réhabilitation de l’Édifice du Centre, cet espace devant être rénové, nous avons dû créer un espace temporaire dans l’Édifice de l’Ouest pour poursuivre le rituel quotidien d’honorer nos soldats. C’était un véritable honneur de travailler sur un projet aussi important, avec des gens comme le sculpteur du Dominion, Phil White. C’était aussi significatif, sur le plan personnel, de laisser une marque sur le Parlement d’une certaine manière, comme l’a fait mon arrière-grand-père. »

Q. En parlant de projets, quelle est votre phase préférée d’un projet ?

RS « Il y a deux volets que j’apprécie : la conception et la construction. Dans la phase de conception, j’aime voir la passion qui émane d’une équipe qui a le souci de créer quelque chose d’unique. L’ouverture de chacun à discuter des idées et de se dépasser est profondément satisfaisante. C’est pour cette raison que nous sommes dans ce domaine et cette phase ne dure qu’une fraction de seconde dans la vie d’un projet. Ensuite, voir l’excavation, le montage de l’acier, et l’installation des cloisons donne une autre perspective à tout ce que vous aviez imaginé (pour le meilleur ou pour le pire! – ajoute-il en riant). »

Q. Quelles sont, selon vous, vos forces en tant qu’architecte ?

RS « Je dirais que j’ai eu la chance de travailler sur une grande variété de projets et que j’ai dû faire face à de nombreuses situations imprévues, je pense donc que le fait d’avoir une perspective très large est une force. À part cela, je pense que le fait de garder la tête froide m’a évité bien des ennuis. »

Q. Selon vous, quelles sont les qualités requises pour être architecte aujourd’hui ?

RS « Il faut aimer l’architecture pour faire de l’architecture. C’est une profession qui peut être très exigeante, avec de longues heures, de nombreuses tâches à accomplir et beaucoup de pression. Ce n’est pas toujours un métier facile. De nos jours, un architecte doit être un travailleur acharné, très diligent, soucieux du détail, mais surtout passionné. Nous n’avons pas tous besoin d’être des stars du design, il y a beaucoup de place pour être passionné par différents aspects du travail.

En bout de ligne, voir la réalisation d’un bâtiment auquel vous avez participé par un travail acharné doublé de passion est profondément gratifiant! Avoir un sens de l’humour aide aussi beaucoup. »

Q. Où trouvez-vous votre inspiration ?

RS « J’adore suivre ce qui se fait en Scandinavie, comme le travail de BIG, Snohetta, ou SHL.

J’ai eu l’occasion de visiter la Finlande lorsque j’habitais Dublin et j’ai été surpris de voir à quel point ce pays me rappelait mon chez-moi en Ontario. Le climat et le terrain sont étonnamment similaires et pourtant notre architecture est si différente. Je trouve qu’il y a de nombreuses leçons intéressantes à tirer de leur approche, mais également sur l’accent mis sur le design en tant que société, ce qui est inspirant. »

Q. Y a-t-il un mouvement architectural que vous préférez ?

RS « Il y en a probablement quelques-uns mais pour moi l’œuvre moderniste de Louis Kahn en particulier est brillante. Nous avons visité le Salk Institute, la bibliothèque d’Exeter, et j’ai eu l’occasion de me rendre au campus IIT à Gujarat en Inde, et chacun de ces lieux est étonnant à sa manière. J’adore le Bauhaus, et voir des exemples de projets Art déco à Chicago était incroyable, en particulier le niveau de savoir-faire et l’utilisation des matériaux. »

Q. D’ailleurs, est-ce qu’il y a un projet dont vous auriez aimé être l’auteur ?

RS « Il y a un bâtiment à Ottawa appelé la Délégation de l’Imamat Ismaili qui a été conçu pour l’Aga Khan. Fumihiko Maki était l’architecte et le bâtiment est un bijou architectural pour le Canada. Ce qui est intéressant, c’est que lors de la conception du bâtiment, des modèles à l’échelle 1:1 ou 1:2 ont été fabriqués à la main et expédiés du Japon à Ottawa pour illustrer les détails. Un processus étonnant mais le résultat final est superbe et intemporel. J’aimerais être à l’origine d’un projet de ce genre. »

Q. Quelle est votre vision d’une architecture idéale ?

RS « Je pense qu’une architecture idéale doit résonner auprès du public. Lorsque toutes les conditions sont réunies; c’est-à dire lorsque le bâtiment s’adapte au quartier, inspire et attire les gens, il commence à prendre une vie qui lui est propre. Au point où la population commence à endosser le projet, à l’aimer, il devient alors partie intégrante de l’identité de la ville. Une architecture idéale est conçue pour durer des générations. Pour moi c’est l’objectif, mais il faut un temps incroyablement long pour atteindre cet idéal. »

Q. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre approche d’un nouveau mandat ?

RS « Au début d’un nouveau mandat, je pense qu’il est préférable d’écouter davantage que de parler. Certes, il est de notre devoir de poser les bonnes questions et de mettre le doigt sur les choses qui tiennent nos clients éveillés la nuit afin d’avoir une discussion efficace et de créer un design qui réponde à leurs besoins. Je pense qu’il faut mettre un peu de côté notre positionnement d’expert lors de cette discussion, pour être dans l’écoute. Le client connaît mieux sa réalité, ses enjeux et nous devons simplement l’aider à identifier ses vrais besoins et apporter des solutions. »

Le Q&A éclair

Développer ou créer ? Créer.

Rêveur ou réaliste ? Il faut être les deux!

Qu’est-ce qui vous donne envie de vous lever le matin ? Je n’ai habituellement pas le choix – mes enfants me réveillent.

La partie préférée de votre travail? Chaque jour présente un nouveau défi.

La réalisation dont vous êtes le plus fier? Ma famille – ma femme et mes enfants sont une grande source de joie et de fierté.

Avez-vous une philosophie qui vous guide aujourd’hui? Soyez patient et optimiste.

Noir et blanc ou couleurs? Couleurs.

Mies van der Rohe ou Frank Gehrry ? Ayant visité le Pavillon de Barcelone (Mies Van der Rohe) et le Stata Center à Boston (Frank Gherry), Mies remporte la palme.

Une œuvre architecturale dont vous auriez souhaité être l’auteur? Elbphilharmonie par Herzog & de Meuron

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